Rédigé par Gino Gordon et publié depuis
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Initialement, c'est à dire ce matin, j'avais décidé de ne plus rien écrire avant mon voyage imminent et de me consacrer exclusivement à la sculpture, un art que je maîtrise finalement assez mal, sachant que mes dernières oeuvres remontent à la maternelle (pâte à modeler) et au club Mickey (château avec douves en communication avec la mer). Et puis, je ne sais pas pourquoi, je me suis laissé tenter, non que j'aie quoi que ce soit à écrire en dehors des lettres au Trésor Public et à France Télécom, mais seulement et uniquement parce que je n'ai absolument pas le temps d'écrire. J'ai en effet cette habitude de remettre au lendemain l'urgent et au surlendemain le très urgent pour consacrer des heures, voire des journées à l'inutile. Pour qu'un jeu m'amuse, il faut qu'il n'y ait aucun enjeu. Pour qu'un travail me passionne, il faut que j'oublie qu'il est ennuyeux, ce qui est somme toute assez facile : il suffit de faire les choses dans le désordre, de commencer par la fin et de finir au début, de rendre les choses sérieuses idiotes et de faire des bêtises sérieusement. Etc. Où en étais-je ? Donc puisque je n'ai absolument pas le temps d'écrire un dernier texte avant la route, et que de toute façon, je ne peux pas m'en empêcher, je vais tout simplement écrire un texte très simple, très court et très percutant, un proverbe de mon cru, par exemple.
Que pensez-vous de celui-ci ?
Au royaume des non-voyants, les malvoyants sont rois
Je vous vois venir. Pour vous, c'est tout vu: j'ai plagié. Disons que question proverbe, je ne suis pas très regardant.
Et cet autre ?
Il n'est pire malentendant que celui qui ne veut pas entendre.
En voilà un qui va faire du bruit.
Vous n'aimez pas ? Vous voulez que je baisse le volume ?
Comme ça ?
Il n'est pire malentendant que celui qui ne veut pas entendre.
Ca va mieux?
Et celui-ci:
Les grandes douleurs sont frappées de handicap verbal.
Les grandes douleurs, ça vous parle ? A moi, oui, heu, non.
Ca va sans dire, mais ça va mieux en le disant.
J'ai assez écrit. Je vous laisse. Il faut d'abord que j'aille au cinéma voir un film de pâte à modeler, puis danser nu sous la pluie glaciale de novembre, puis terminer toutes les choses moins urgentes que j'ai à faire, et seulement après, quand je serai parti, alors je pourrai faire ma valise.