Deux yeux verts

17 Mars 2007

-Deux yeux verts me regardaient.
-Verts vous dites ?
-Oui
J'ai dû avoir l'air hésitant. En face de moi, l'homme connaissait son métier.
-Il vous ont parlé ?
-Ils n'ont rien dit. Ils ont sauté sur le lit et fait du trampoline. Ils me regardaient et éclataient de rire. C'était troublant.
-En effet, dit-il en me dévisageant. Il me regardait de la tête au pied, comme s'il détaillait chaque partie de mon corps.
-J'ai essayé de les attraper, mais ils étaient trop rapides, et j'en ai laissé tomber ma moustache. Ils se sont réfugiés sous le lit.
-Et là ?
-Ils me regardaient toujours, en roulant des yeux ronds et, d'un seul coup, ils ont disparu.
-Ils étaient seuls ?
-Non. Ils avaient un complice.
-Pourriez-vous l'identifier ?
Je tentai de le décrire. Mais tout ce que j'ai trouvé à dire c'est:
-Petit, râblé avec un faux nez.
Il n'a pas eu l'air convaincu. Je déteste les interrogatoires. Je perds mes moyens.
-Je vois. Avez-vous eu peur ?
-Pas sur le coup. Mais ma femme oui. Elle en a perdu une oreille.
-Vous voulez dire une boucle d'oreille ?
-Non, vraiment une oreille. Ma femme est très fragile.
-L'a-t-elles retrouvée ?
-Sous la commode, oui. En bon état.
-D'autres indices ?
-Je ne vois pas. Ah si, ils ont laissé un pied dans le jardin. Violet, assez vulgaire. Même nos enfants n'en voudraient pas.
-Eh bien, je pense que tout ceci n'est pas bien grave. Sûrement une blague de gamins.
J'étais presque soulagé. Pas vraiment persuadé de son diagnostic mais soulagé que l'entretien se termine. Quand je repense à cette histoire, les bras m'en tombent.
-Je vous remercie, Monsieur le commissaire.
-Tenez, voici ma carte, et votre chapeau melon qui avait roulé sous mon bureau. Appelez-moi si vous avez du nouveau, Monsieur Patate.