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La vie dans le désert

Figures imposées

Un défi sur internet m'impose d'écrire un texte qui  se termine par la phrase : "je connaissais bien le patron". Or ce que j'aime dans les histoires, c'est la chute. J'aime promener le lecteur dans un univers connu de moi seul, le guider par la main avec une bienveillance feinte, tout en prenant soin de cacher à son regard ce qui pourrait le mettre sur la piste. Lorsque j'invente une chute, je frissonne de bonheur et je me dis : est-ce que ça va marcher ? Je la teste alors sur mon entourage et j'observe le lecteur, guettant le sourire qui illuminera son visage. Hélas, cela ne marche pas toujours.

Le hasard ou la curiosité me fait parfois lire les dernières lignes d'un roman. C'est difficile de résister à cette tentation-là lorsqu'une héroïne paraît trop belle ou trop fragile pour tenir jusqu'à la dernière page. S'il lui arrive malheur, il n'est pas rare alors que j'arrête sur le champ ma lecture, comme si un ressort s'était cassé tout net.

Que faire quand la chute est imposée ? Une idée m'est venue après cinq jours de réflexion: il faut faire comme dans la vraie vie où rien n'est écrit sauf notre propre mort. Il faut faire rêver le lecteur et lui faire oublier cette fin programmée. Il faut l'entraîner dans un tourbillon de mots et attiser son imagination, repoussant sans cesse l'idée de cette fin. C'est ainsi qu'un beau matin de février, j'ai décidé de raconter une histoire fantastique, peuplée de fées et de créatures célestes, dans un pays lointain et triste où les larmes sont des poignards, où les rires sont des caresses, un conte beau et bouleversant que je n'ai eu aucune peine à publier car je connaissais bien le patron.
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L
Moi aussi j'aurais bien du mal à écrire un texte dont la chute serait imposée hein ! D'abord parce que j'ai l'habitude d'en écrire le début comme la fin au dernier moment (c'est très rigolo - surtout quand on termine par le début) et ensuite, il m'arrive parfois de changer de thème en cours de route.<br /> Je faisais souvent ça à tout propos dans un certain hôpital psychiatrique que j'ai bien connu ; d'abord parce que j'en étais le plus ancien et meilleur client et ensuite, parce que je connaissais bien le patron ! A+
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G
Bonne idée, je vais terminer tous mes articles par je connaissais bien le patron ?