23 Septembre 2006
Lundi 3 octobre 2005, 17h30
Je me sens très déprimée. Personne ne s'en rend compte. En plus je suis blonde, timorée et d'une médiocrité extrême. Cette sorte de péniche exiguë sent le fuel et les odeurs corporelles. Je suis entourée de trente personnes qui scrutent l'horizon ou fixent leurs pieds, excepté un ou deux pervers qui profitent de cette cohue pour reluquer mes seins –quelle idée de porter ce tee-shirt "I ♥ crucifixion", un présent de mon frère gothique-. Je suis un objet inutile comme cette bouée sur son support en inox. Moi, rien ne me supporte et je ne supporte rien non plus. Ces gens ne voient rien de moi ni de cette bouée. Leurs pensées voguent sur des nefs bien plus belles qui sillonnent des isthmes du bout du monde, en quête d'éternité ou de bonheur. Je suis sûre qu'ils ignorent le nom de cette coquille de noix qui les porte quotidiennement. Je comprends pourquoi cette université est si réputée pour ses enseignements en neurologie : on trouve ici des sujets d'étude munis de toutes les vertus.
On quitte le môle coté université. On glisse sur le flot qui luit sous le soleil du soir. Tout le monde semble se réveiller et les discussions commencent à fuser. Le souffle du vent vient tempérer mes meurtrissures et libère les tensions. Suis-je réellement ce que je crois être ?