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La vie dans le désert

Dans mon balluchon

J'ai dans mon balluchon, une valise en carton entourée d'une sangle pour l'empêcher de partir en morceau. Cette valise a fait des milliers de kilomètres dans des soutes et sur des galeries de taxi-brousse. Je me demande comment elle tient encore. J'y ai casé ma musette d'étudiant achetée dix francs dans un magasin de surplus de l'armée à l'époque où j'avais des cheveux longs et une barbe à la Fidel, avec plein de dessins au feutre, pas dans la barbe, sur la musette. Dedans, j'ai entreposé ma cantine bleue toute cabossée avec ses cadenas en laiton, sur laquelle est écrit en grosses lettres à la peinture blanche "Gino, Boulevard du désert, BP 1616, Afrique, Monde". En ouvrant la cantine, on trouve un porte-document en cuir rigide ciré, légué par mon père, dans lequel je conserve une aumônière, une bourse en cuir qui m'a été offerte à l'occasion d'un de mes nombreux anniversaires. L'aumônière n'est pas vide: elle contient une gibecière ayant appartenu à mon grand-père maternel, chasseur de palmipèdes en baie de Somme et grand colérique. Comme la gibecière ne sent plus la charogne depuis longtemps, j'y ai enfermé le cartable datant de l'époque où j'ai découvert qu'on pouvait penser différemment de ses parents. La poignée étant décousue, je me souviens bien de la façon nonchalante dont je le tenais, posé sur la hanche, dans une posture à la fois décontractée et pleine d'assurance. Dans le cartable, il y a une trousse assez ordinaire en véritable peau de bébé skaï, dont l'intérieur est rempli de maximes à l'emporte-pièce, de graffitis au stylo-bille et de noms de jeunes filles en fleur. C'est là que j'ai remisé un attaché-case récupéré dans une poubelle dans lequel j'ai conservé longtemps mes correspondances secrètes. Sa mise en service initiale m'a demandé un travail acharné, occupant quelques jeudis après-midi: le code était 8765 et j'avais commencé par 0000. J'y conserve aujourd'hui un pochon offert par une caissière de supermarché grenoblois où j'ai rangé le havresac à claie orange porté pendant 6 jours entre Calenzana et Vizzavona, lequel cèle un vanity-case en peau de porc qui a perdu un à un ses accessoires assortis (flacon d'eau de Cologne, brosse à chaussure, peigne en écaille). Seul subsiste le boîtier pour brosse à dents où je tiens caché un cabas en fibres tressées, acheté sur le marché de Salé et qui sent encore bon la coriandre.
C'est dans ce panier que j'ai retrouvé la hotte du père Noël. Dommage que je n'aie pas le droit de l'ouvrir.

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M
C'est un baluchon russe (comme les poupées) ? C'est très chouette comme texte en tout cas.<br /> Le truc de la combinaison, je l'ai fais avec un cadenas : Il en rigole encore cette saloperie... A+
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C
Hou hou !... y' aquelqu'un ? ... tu t'es fait la malle après avoir fait ton balluchon ? ;-) Le désert a des airs sinistres sans toi(t) ...
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G
Merci de prendre des nouvelles, graind'sel.Je suis très sec,  pour ainsi dire anticyclonique, au milieu du mois de février. C'est dur d'écrire n'est-ce pas ?Demain ?
C
Sac alors !!Que d'exercices, Gino...  ;-)
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G
Faut les porter tous ces sacs !!! Il y a une telle densification de la matière que j'ai peur que les poignées ne tiennent pas ,o)
C
( Il semblerait que tu aies mal déchiffré l'inscription sur la hotte du père noël... Il n'est pas écrit Défense d'ouvrir  mais Défense d'offrir... alors maintenant ouvre ! ;-) ( Grenoble... tu y es passé en coup de vent où tu y a vécu ? :-)) )
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G
Mes tabous son trop forts ;o)Grenoble, ... en fait je connais à peine cette ville. Par contre c'est bien là qu'une caissière m'a parlé de pochon, un mot bien plus joli que 'sac plastique'...
P
Enfin un auteur qui redonne grandeur au contenant en lieu et place du contenu
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G
Et plus l'intérieur est vide plus le contenant a de l'importance.