20 Novembre 2007
— Je n'ai pas mis les bonnes chaussures ce matin.
— Vous êtes venu avec ça aux pieds !
—Ce sont mes chaussures de rechange, Monsieur. On m'a volé celles que je mets d'habitude. Hier soir, en traversant la passerelle, au dessus de la voie ferrée. Ils m'ont menacé avec un pistolet à eau.
— Vous n'étiez pas obligé de leur donner vos chaussures.
— Ils étaient si gentils. Ils rigolaient tellement. Ils me disaient donne moi tes chaussures, donne moi ton costume. Je leur ai tout donné. Même mon chapeau.
— Vous êtes trop tendre Gilbert. Vous savez bien que dans ce métier, il faut garder une certaine distance, sinon on finit …
— On finit ?
— On finit comme votre père (un épais silence se forme). Ecoutez Gilbert, c'est le deuxième costume qu'on vous "vole" en six mois. D'habitude, vous arrivez à préserver vos chaussures. Mais là, vous dépassez les bornes. Retirez ces choses horribles que vous avez aux pieds et demandez à Juanita de vous apporter des chaussures décentes.
— Alors, j'ai une nouvelle mission ?
— Oui, vous avez une nouvelle mission. La mission du rachat. L'école primaire de la Sainte-Vierge-à-la-Tartine.
— Non, pas celle là!
— Qu'avez-vous contre la Vierge à la Tartine ?
— La dernière fois, ils m'ont barbouillé de Nutella.
— Gilbert, j'ai juré à votre père de vous garder avec moi. Vous savez combien il tenait à ces missions humanitaires dans les écoles défavorisées. Ne le décevez pas.
— Bien Monsieur.
— Mais vous pleurez Gilbert ?
— C'est juste une petite larme de rien du tout!
— Allons, c'est fini. Allez vous remaquiller et remettez votre gros nez rouge. Et je ne veux plus jamais revoir ces sandalettes.